Rien ne peut dissoudre
On ne peut dissoudre ce qui
à partir de nous repousse
et croit.
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Faites en bon usage.
Pour ma fille, pour nos enfants, pour le vivant.
« On ne peut dissoudre ce qui à partir de nous pousse et croit. »
Ces mots forts sont de Camille Étienne et Nicolas Mathieu et font suite à l’audience du Conseil d’État au sujet dissolution des Soulèvements de la terre. Le post entier est à retrouver ici.
Christophe Cassou est scientifique, climatologue et rapporteur principal du dernier rapport du Giec. Il a notamment formé des députés sur les enjeux climatiques.
Suite à la répression de la manifestation autour de l’A69 et face à l’entêtement du gouvernement à poursuivre ce projet écocide au pas de charge malgré l’avertissement de 1500 scientifiques, il a lui aussi trouvé des mots forts, à la hauteur de sa désillusion, dont voici un extrait (le texte entier est disponible ici):
« (…) Je suis en colère contre moi car je prends en pleine face un forme de naïveté. Il est maintenant clair que les décisions et choix qui entravent inévitablement la réussite d’une métamorphose sociétale vers des modes de vie bas-carbone sont pris en conscience et connaissance.
Il ne s’agit pas d’un déficit de connaissance mais d’un schéma de pensée verrouillé par une vision court-termiste qui ne résiste pas aux faits scientifiques sur lesquels aujourd’hui il est semble-t-il acceptable/classique de s’asseoir. (…) «
Dans le même temps, l’ONU vient quant à elle de déclarer :
« la vie sur terre est en état de siège. »
Et pour terminer cette réjouissante revue de presse, 25 signaux vitaux de la planète sur 35 étudiés sont au rouge écarlate d’après une nouvelle étude parue dans Bioscience (et relayée par Vert, le média).
Je sais très bien qu’on n’arrête pas une autoroute avec un dessin. Et le changement climatique encore moins.
Comme de nombreux artistes autour de moi, je me sens triste, désœuvré et impuissant face à la marche actuelle du monde.
À quoi bon continuer à pratiquer son art pendant que les humains se déchirent et que l’avenir du vivant s’assombrit à ce point?
N’est-il pas dérisoire d’essayer de créer de belles images quand on voit l’obstination nos dirigeants à faire perdurer ce système mortifère, malgré les innombrables signaux d’alerte lancés par la communauté scientifique ?
C’est effectivement dérisoire, probablement vain mais aussi nécessaire.
Car je suis convaincu qu’il est encore plus vain de construire de nouvelles autoroutes, de nouveaux avions, de nouvelles voitures toujours plus lourdes, de nouveaux paquebots géants, de nouveau pipelines alors que le vivant (et notre espèce par la même occasion) est à ce point menacé.
Mes images me permettent la plupart du temps de partager à la fois mon espérance et ma gratitude envers le beau et parfois, comme aujourd’hui, ma tristesse et ma colère. Cela me fait du bien de ne pas garder ces émotions pour moi.
Et je continuerai à dessiner.
Parce qu’un avenir probable ne veut pas dire qu’il est certain.
Parce qu’avec des mots, un crayon ou un pinceau, on peut esquisser de nouvelles voies, plus enviables que celle que nos décideurs s’entêtent à nous faire prendre à 130km/h.
Parce que je souhaite que la jeunesse qui vient ait plus de chances de mourir de vieillesse que des conséquences de notre aveuglement.
Parce qu’il faut des étincelles pour allumer un grand feu.
Parce qu’il faut du beau pour traverser l’obscurité qui vient.
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Faites en bon usage.
Pour ma fille, pour nos enfants, pour le vivant. 🙏
David.
Petit éloge de l’incohérence
Petit éloge de l’incohérence
Entre l’aberration écologique, les droits humains bafoués depuis des années ou les milliers de victimes sur les chantiers de construction, les raisons pour lesquelles je ne regarderai pas une minute de cette coupe du monde qui a débuté hier sont multiples et je les avais listées dans un article illustré l’année dernière.
Si ma posture n’a pas bougée, je crois judicieux de préciser que je n’attends pas grand chose de ce geste si ce n’est tendre vers un peu plus de cohérence personnelle.
–
J’ai demandé à un groupe d’amis s’ils comptaient regarder cette coupe du monde. Et parmi les réponses, une des postures m’a marqué (que Thomas Wagner rangerait sûrement dans le #whataboutisme dans la listes des 12 arguments de l’inaction face au changement climatique) puisqu’elle a résonné avec un argument que j’avais utilisé il y a une douzaine d’années dans un autre contexte et dont je parlerai dans quelques lignes. Parmi les réponses donc, un ami m’a répondu :
« Dans ce cas, il faut interdire la formule 1 en Arabie saoudite, ne plus regarder les matchs du Psg, de Manchester City ou de Newcastle. »
Je comprends entre les lignes : « je ne fais rien parce que pour être cohérent, il faudrait aussi que je fasse (ou plutôt arrête de faire) ça, ça, ça, et ça aussi. »
C’est le genre d’argument pour justifier l’inaction climatique par exemple que je retrouve souvent autour de moi et que j’ai souvent utilisé (et que j’utilise bien sûr encore moi-même par moment).
En 2010, une amie végétarienne de longue date venait de s’acheter une jolie paire de chaussures en cuir. Je pointais cyniquement l’incohérence de son geste et elle m’a répondu une phrase qui a profondément marqué ma manière d’être par la suite :
« _Moi, au moins, je fais quelque chose! «
J’avais beau être déjà conscient que notre consommation de viande était incompatible avec les capacités du système Terre (comme l’explique si bien Arthur Keller dont je vous invite fortement à découvrir les travaux), je me disais que ça ne servait à rien que je renonce à mon plaisir personnel à en manger puisque dans le même temps, je portais des chaussures en cuir ou que les quelques centaines de kG de CO2eq que je contribuais à générer de la sorte ne pesaient rien face à l’impact délétère de telle ou telle multinationale ou tel individu.
Je me disais aussi que si je renonçais à la viande, il faudrait aussi arrêter de manger des produits laitiers, que j’arrête de porter des vêtements qui viennent du bout du monde, ou qui soient cousus par des enfants. Et que j’arrête aussi de prendre l’avion, et puis la voiture, et puis d’utiliser un téléphone ou un ordinateur et ses métaux rares qui les composent, de changer de métier puisque je travaillais pour des clients qui faisaient beaucoup de mal à la planète, etc…
En résumé, à arrêter de vivre.
Aujourd’hui, je me définis une sorte d’éthique personnelle. J’essaie de me questionner régulièrement si mes choix sont cohérents avec cette éthique et si mon plaisir/confort personnel justifie à lui seul telle ou telle incohérence avec cette éthique.
Et j’accueille mon incohérence constante avec beaucoup de bienveillance.
Pour chacune des mes actions vers plus de cohérence avec mon éthique, je peux trouver un contrepoint négatif. Voici une petite sélection non exhaustive des mes incohérences :
- Je ne mange plus de viande depuis 12 ans, mais je mange un peu de poisson et mange des produits laitiers tous les jours (#teambeurresalé)
- J’achète 90% de mes vêtements de seconde main, mais j’ai acheté un manteau neuf fabriqué en Chine.
- J’ai un smartphone reconditionné mais dont la marque fait travailler des Ouïghours dans des camps de travail forcé.
- Je n’ai pas pris l’avion depuis 4 ans mais je pense que je le reprendrai un jour.
- Je vais travailler à vélo, mais j’ai une voiture qui roule au Diesel pour transporter mon stand sur mes marchés ou ma fille chez sa nounou.
- Je mange presque uniquement bio, local et de saison, mais j’achète toujours du chocolat qui vient de l’autre bout de la planète parce que j’aime trop ça.
- Je ne regarderai pas cette coupe du monde, mais j’ai regardé celle de 2018 dans une Russie qui avait déjà annexée la Crimée par la force en 2014.
- Mes sous sont dans une banque « éthique » mais je verse tous les mois quelques euros à Google pour stocker mes fichiers en ligne parce que c’est très pratique.
- J’imprime mes illustrations sur des papiers recyclés mais je les protège avec des pochettes plastiques pour que mes clients puissent les ramener chez eux sans les abîmer.
- Et donc, je n’ai aucun problème face à ma propre incohérence de ne pas regarder cette coupe dans laquelle je ne me retrouve pas alors que je regarderai probablement un match du PSG ou de City cette année parce que certains joueurs me font rêver.
Il se trouve qu’en réalisant l’ampleur du drame humain qui se cache sous l’herbe verte des pelouses des stades qataris, mon ami a finalement décidé de ne pas regarder cette coupe. Il sait bien que ça ne l’empêchera pas d’avoir lieu. Il le fait simplement parce que son propre plaisir se télescopait trop frontalement avec sa propre éthique.
J’ai arrêté de croire que nos petites actions individuelles allaient changer le monde à elles seules sans pour autant penser qu’elles ne changent rien. Je remercie régulièrement cette amie pour sa petite phrase anodine.
Je souris devant ma propre incohérence et j’avance désormais avec elle et ça, ça fait beaucoup de bien.
Cycles up
Cycles up
» Le vélo recyclé qui fait du bien aux Français !
En voiture, Simone ? Surtout pas ! Il est temps de renvoyer au garage votre auto et d’en sortir votre bicyclette, et si elle a pris quelques rides, tant mieux !
L’atelier Cycles Up lui donne un petit coup de fouet (électrique s’il le faut) pour l’adapter à votre nouveau quotidien.
J’ai eu le plaisir de réaliser cette illustration pour Loïc, le fondateur de Cycles Up. L’objectif de l’approche choisie est de représenter comment le vélo peut relier l’ensemble des éléments et des acteurs d’un territoire urbain et péri-urbain, dans une atmosphère joyeuse et sobre. Une belle expérience humaine pour un projet qui porte des valeurs qui résonnent forcément en moi.
Qu’importe le coût, pourvu que l’on joue !
Qu’importe le coût,
pourvu que l’on joue !
» Voilà quelque temps que je rêve de collaborer avec certains magazines de presse et mettre mes illustrations au service d’un article de fond. Même si je n’attends pas que cela tombe du ciel, je me suis dit que cela pourrait être plus parlant si je tentais d’illustrer un article. Et puisque j’aime bien écrire, je me suis ensuite dit que j’allais écrire cet article en plus de l’illustrer. Voici donc l’image qui accompagne le texte, à moins que ça ne soit l’inverse.
L’hiver prochain, au Qatar, se jouera la 22e coupe du monde de football, la première organisée dans un pays du Moyen Orient et la première également, que je ne regarderai pas.
Même si chaque jour qui passe me rapproche un peu plus du moment où l’affirmation suivante sera fausse, j’ai passé dans ma vie plus de temps avec une licence dans un club de football que sans. C’est donc peu dire que j’aime le foot.
Je l’aime parce que c’est un sport qui fait comprendre que seul on ne gagnera jamais un match mais qu’ensemble, on peut atteindre un but commun.
Pour le brassage social qu’il génère : j’ai joué avec et contre des gamins qui venaient d’horizons complètement différents du mien mais qui portaient la même paire de chaussettes, le même short et le même maillot qui collent à la peau à jouer sur des terrains détrempés en plein mois de janvier.
J’ai partagé les même tours de terrains sous des températures négatives ou caniculaires, les mêmes émotions à la fin des matchs, que l’on ait gagné ou perdu. Connu la même attente interminable que l’eau des douches communes finisse par chauffer en grelottant après un match, savouré le même Bang orange que des milliers d’enfants sur les terrains de France le samedi après-midi, celui qui fait passer n’importe quel bouteille d’Oasis pour un délicieux nectar.
Je l’aime pour son incertitude, parce que parfois, ce ne sont pas les millions cumulés ou la somme des talents individuels qui forment une grande équipe ni ne garantissent la victoire.
Je l’aime pour la variété des émotions qu’il génère chez moi, de colères, de frustrations et de joies pures.
Je l’aime pour les commentaires à la sémantique douteuse des initiés derrière les mains courantes des stades municipaux , où les shoots de bonne-sœurs sont synonymes des tirs de bédouins et diamétralement opposées aux frappes de mules. J’aime le foot des corners à la rémoise, du marquage à la culotte et du coup du sombrero.
Je l’aime intensément, certes, mais pas aveuglément.
Je pensais donc passer sur les aberrations écologiques et économiques qu’impliquent la décision de jouer la plus prestigieuse compétition de football dans un pays où la température dépasse régulièrement les 40° Celsius durant l’été.
Ils ont imaginé des stades climatisés, couverts et démontables pour contrecarrer la chaleur et préserver les joueurs et le public durant la compétition puis que l’on enverra reconstruire en Afrique puisqu’ils seront inutiles et surdimensionnés pour accueillir le championnat local une fois la compétition terminée, allant à l’encontre des préconisations de la communauté scientifique pour ralentir un temps soit peu notre consommation effrénée de matières premières et d’énergies fossiles.
Puis, comme cela ne suffisait pas à appaiser les inquiétudes, ils ont décidé de décaler et de raccourcir la compétition pour l’insérer au mois de Décembre pour la première fois de l’Histoire, forçant les ligues nationales à chambouler le calendrier de leurs championnats. Cela ne laissera que quelques jours de préparations pour les joueurs et les staffs, au risque de sur-solliciter les organismes ? Qu’importe le coût, pourvu que l’on joue.
Même si les lignes ont bougé ces derniers mois, grâce aux pressions internationales reçues de la part de différents médias et ONG révélant notamment la confiscation des passeports des travailleurs étrangers par leurs employeurs (cette loi a été réformée l’année dernière), l’instauration d’un salaire minimum ou de plages de travail plus réduites en été, le respect des droits humains est visiblement une notion toute relative. Selon The Guardian, ce sont plus 6500 travailleurs qui sont décédés sur les chantiers de constructions des nouveaux stades. Qu’importe le coût, pourvu que l’on joue.
Sauf que je peux aujourd’hui mesurer mon amour pour le foot à l’aune de ces différents chiffres et je sais qu’il pèse bien moins que 6500 vies humaines. Et que de mon point de vue, un sport qui a des conséquences si
tragiques n’est plus un jeu.
Je souhaite donc informer le sélectionneur par la présente tribune que je mets ma carrière internationale entre parenthèses et ne participerai ni ne regarderai aucun des matchs qui se dérouleront durant la compétition, quand bien-même l’équipe de France se qualifierait-elle à nouveau pour la finale du tournoi.
Je précise également que ce retrait prendra fin dès la compétition terminée et que je vme rendrai à nouveau à la disposition du sélectionneur s’il estime avoir besoin de moi. Dans le cas contraire, je serai le fervent supporter que j’aimerai ne jamais cesser d’être derrière mon poste de télé et j’espère retrouver ce que le foot ne devrait jamais cesser d’être : un jeu. »
D. Guyon